18/08/2017 Jim Fergus: Mille Femmes Blanches

Titre original: One Thousand White Women : The Journals of May Dodd
Auteur: Jim Fergus
Maison d'édition: Le Cherche Midi Editeur
Date de parution: 1998 (2000 en France)
Numéro ISBN 978-2-266-21746-0

(Source: www.pocket.fr)
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Et c'est le sort des femmes sur cette terre que l'expiation des hommes ne puisse  être obtenue qu'au prix de notre bannissement. (Page 139)

Cela faisait longtemps que j'avais envie de  lire ce livre. Depuis mon enfance, j'étais passionnée pour la culture amérindienne ce qui n'était pas dû autant au dessin animé de Disney intitulé "Pocahontas", mais plutôt au film "Le Dernier des Mohicans".

Et me voilà... alors qu'une grande partie des lecteurs/ lectrices ont déjà lu la suite de "Mille Femmes Blanches", "La Vengeance des Mères", moi, je saisis le premier livre.

"Mille Femmes Blanches" est une historie extraordinaire de l'amitié et de solidarité entre les femmes qui ont été jetées soudainement dans un courant torride du destin. Mais commençons dès le début:

D'abord, je dois admettre que l'auteur est un "manipulateur sans scrupules" - il m'a faite vraiment croire que May Dodd était un personnage réel et que j'étais en train de lire ses journaux intimes. Le récit gagne autant sur sa vraisemblance quand nous lisons la préface d'un certain J. Will Dodd qui se croit être un descendant de May. Ce piège littéraire me fait penser à des romans de Daniel Defoe qui sont très souvent dotés d'une préface fictive. Et bah, Defoe aurait beaucoup à apprendre ici de Jim Fergus... En plus, dans le prologue, l'auteur décrit un événement historique qui deviendra le point de départ pour les événements relatés dans les carnets. Malheureusement, bien que j'ai trouvé la confirmation de la visite de Little Wolf à Washington en 1873, je n'arrive pas à trouver plus d'information sur le vrai but de sa visite.

De quoi parle le roman?

May Dodd, une fille des bourgeois de Chicago, a été internée par sa famille dans un asile d'aliénés parce qu'elle avait eu assez de courage de la quitter pour vivre en concubinage avec un homme d'un rang inférieur et de lui donner deux enfants. Son bonheur au sein de sa famille lui a été brutalement arraché. La raison de son internement? La débauche...
Quand les messagers du gouvernement viennent recruter des femmes pour leur projet, elle n'hésite pas une minute. Elle accepte d'être mariée à un homme cheyenne' c'est cela, le prix de sa liberté. Ensemble avec Martha, son amie unique au sein de l'établissement, elle quitte sa "prison" pour vivre la plus grande aventure de sa vie.

Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisées", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages. (Page 75)

Au début, le lecteur peut être choqué par le simple fait que le gouvernement est d'accord d'échanger mille femmes blanches pour un tel nombre de chevaux afin de faciliter l'intégration des peuples indigènes au sein de la société américaine. On dirait bien dans un tel cas que pour un indigène une femme a la même valeur qu'un animal. Néanmoins, au fur et à la mesure de lecture, nous nous apercevons que les femmes se sont retrouvées dans une tribu où elles peuvent se sentir plus libres qu'elles ne se sentaient dans leur milieu d'origine. Helen Elizabeth Flight, peut se réaliser en temps qu'une artiste. Sara, une adolescente silencieuse, revit et se trouve comblée de joie aux côtés de son mari indien. Phemie, une ex-esclave noire, devient une guerrière respectée par son peuple d'adoption.

Tu m'as demandé à l'instant pourquoi je me suis engagée dans ce projet. Comme je te l'ai expliqué il y a des mois dans le train, j'ai signé dans le but de devenir une femme libre, pour ne plus servir aucun homme, ne plus être considérée comme inférieure. Il est hors de question que je renonce maintenant à ma liberté. (Page 414)

Chaque femmes possède un passé différent et provient d'autre milieu social. Malgré cela, elles arrivent à se retrouver toutes dans les difficultés de leur nouvelle vie. Et c'est là où nous comprenons que chaque de ces femmes a reçu une chance de se réhabiliter au sein de la communauté qui ne lui porte aucun préjugé.

Le récit à la première personne nous fait nous sentir plus proches des héroïnes qui n'ont pas été épargnées par leur destin. Nous rions avec elles, mais nous avons également envie de pleurer avec elles. Nous nous sentons ébahis quand nous voyons la déchéance de leur peuple d'accueil. On dirait bien que le fatum ne veut pas lâcher son grippe sur elles - ces femmes auxquelles nous nous sommes attachés au cours du récit vont encore une fois perdre tout ce qu'elles ont réussi à construire et acquérir! 

Dans ce romain plein de joie comme de tristesse, nous retrouvons une nostalgie pour le passé glorieux du peuple indigène qui a été détruit par la vanité de l'homme blanc. L'auteur nous fait ressentir cette violence non nécessaire qui semble être un défaut des individus mâles. Les femmes se montrent comme des protectrices de la vie.

C'est parce que ce roman est aussi l'hymne à la féminité, aux femmes qui, loin d'être soumises aux règles rigides de leur société patriarcale, n'hésitent pas à braver les mœurs, que ce soit parmi les gens dits "civilisés" ou les sauvages. Etant fortes et solidaires, les femmes jouissent d'une capacité d'adaptation que les hommes ne possèdent pas et laquelle ils ne peuvent que leur envier.

Un auteur masculin qui arrive à pénétrer dans la psyché d'une femme émancipée. Une impressionnante quête de liberté et de bonheur.

A lire et à relire!
 

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